Protocole d’observation de la pluie d’étoiles filantes des Perséides.

5 août 2022 Non Par Asma STEINHAUSSER

Compter les étoiles filantes

Lors de pluies d’étoiles filantes importantes, la méthode de comptage privilégiée est celle du « dictaphone » (ou du téléphone portable, maintenant). Cela permet de garder les yeux vers le ciel tout en enregistrant vocalement les informations sur les météores observés.

Une fois la session d’observation terminée, il sera alors temps de compiler ces informations, au propre, sur un formulaire dédié et d’envoyer votre contribution à la recherche sur ces fascinants phénomènes atmosphériques.

Mais pour que les éléments que vous envoyez soient facilement lisibles, utilisables et interprétables, il est nécessaire de suivre un protocole assez précis que nous vous proposons de découvrir ci-dessous.

Ce protocole d’observation sera donc à utiliser lors de la pluie d’étoiles filantes des Perséides, qui revient chaque année au mois d’août avec un maximum aux environs du 12 (vous pouvez suivre ce protocole une semaine avant et après ce maximum car il y aura déjà des étoiles filantes à observer).

N’hésitez pas à vous entraîner et prendre connaissance de tous les documents avant votre séance d’observation.

Où observer ?

Recherchez un site avec un ciel le plus noir possible. L’idéal est de réaliser ses observation loin des villes et leur pollution lumineuse. Si cela n’est pas possible, trouvez un endroit dégagé (pas d’immeubles ou d’arbres bouchant une grosse portion du ciel) et sans éclairage direct, lampadaires par exemple, qui gênera vos observations du ciel.

Quand observer ?

Le radiant est, comme nous l’avons expliqué dans le glossaire, le point du ciel d’où semblent provenir toutes les étoiles filantes de cet essaim. Il se trouve, dans le cas des Perséides, dans la constellation de Persée.
Plus le radiant est haut dans le ciel, plus vous verrez d’étoiles filantes irradier tout autour de ce point.

A 22h, lorsque la nuit commence vraiment à tomber, il ne se trouve qu’à 22° au-dessus de l’horizon, dans la direction Nord-Nord-Est. Lorsqu’il est aussi bas sur l’horizon, vous ne pouvez voir qu’environ un tiers seulement de toutes les étoiles filantes potentiellement visibles.

Repérer la constellation de Persée – STELLARIUM

Plus la nuit va avancer, plus la constellation de Persée va monter dans le ciel et plus vous verrez d’étoiles filantes de cette pluie météorique.

A 5h du matin, peu avant le lever du Soleil, ce même radiant s’élève à 65° au-dessus de l’horizon, permettant de voir le plus de météores (80% du maximum prévu calculé pour un radiant passant au zénith du lieu d’observation).

Il est donc important :
a) de bien noter l’heure des observations.
b) d’observer le plus tard possible dans la nuit, pour en voir le plus possible (si la météo le permet).

Avec quoi observer ?

Ça, c’est le plus facile : avec ses yeux !

Pas besoin de jumelles ou de télescopes, qui restreignent considérablement le champ de vision. Ici, plus on voit large, mieux c’est. L’observation se fait donc à l’œil nu. Dirigez votre regard entre le zénith et la constellation de Persée.  Notez dans quelle direction se trouve le centre de votre champ de vision et ouvrez grand les yeux !

Pour le confort, pensez à : la chaise longue, la couverture (même en été), des vêtements chauds superposés, de l’eau et de la nourriture.

Pour l’efficacité, pensez à : votre téléphone portable (pour connaître l’heure, la position géographique/GPS et surtout pour l’application dictaphone où vous enregistrerez vocalement vos observations)

Comment observer ?

Ça y est, l’observation commence !

Si vous êtes en groupe (et c’est bien mieux de faire ça à plusieurs), ne partagez pas vos notes en cours d’observation. Il est important que chacun ait ses propres données.

Une fois tous les 30 minutes environ (plus souvent s’il y a beaucoup de météores ou si les conditions météorologiques sont très changeantes), enregistrez cette série d’informations :

  • Heure (en Temps Universel – TU, soit actuellement il faut retirer 2h à l’heure civile)
  • Direction du centre de votre champ d’observation (citer une constellation, ou, mieux, une étoile brillante connue)
  • Pourcentage de couverture nuageuse (à estimer visuellement)
  • Magnitude limite du ciel

La magnitude limite donne une idée de la limite de luminosité ce soir-là dans le champ de vision observé. C’est très important car cette information permet d’intégrer des éléments qui limitent la qualité des observations, comme la lumière de la Lune ce soir-là, la pollution lumineuse, la météo, la transparence de l’atmosphère, et même l’acuité de la vision de l’observateur (qui varie grandement d’une personne à l’autre).

Voici, pour la soirée des Perséides, la manière de l’estimer.
Regardez la constellation de Persée et comptez le nombre d’étoiles que vous êtes capable de voir à l’intérieur du triangle rouge :

 

Constellation de Persée

 

Le résultat est à lire dans le tableau ci-dessous :

Nombre d’étoiles visibles dans le triangle Magnitude limite correspondante
1 2.11
2 2.88
3 3.02
4 3.78
5 4.48
6 4.56
7 4.83
8 5.13
9 5.16
10 5.49
11 5.66
12 5.72
13 5.79
14 5.97
15 6.19
16 6.30
17 6.35
18 6.41
19 6.49
20 6.49
21 6.54
22 6.59
23 6.72
24 6.77
25 6.83

 

Quoi observer ?

A chaque fois que vous voyez une étoile filante passer, vous devrez enregistrer verbalement plusieurs informations sur ce que vous venez de voir :

Est-ce que ce météore appartient bien à l’essaim des Perséides ?

Pour cela, tendez entre vos mains une ficelle et superposez-la à la trajectoire de l’étoile filante que vous venez de voir passer. Si la direction de cette ficelle va bien en direction du radiant dans Persée, dites « Perséide »

Magnitude du météore

Pour cela, comparez la luminosité de l’étoile filante que vous venez de voir avec celle des étoiles de votre champ de vision. Notez la valeur de la magnitude de l’étoile qui se rapproche le plus de votre météore (c’est la partie la plus pointue car elle nécessite de connaître la magnitude d’une demi-douzaine d’étoiles de la partie du ciel que vous êtes en train de regarder).
Notez également toute information complémentaire qui vous semble intéressante (la durée d’une traînée persistante, la couleur d’un météore, etc.).

Essayez de dire ces informations sans regarder votre écran de smartphone. D’abord parce qu’il risque de vous éblouir, et ensuite parce que si vous regardez votre écran, vous pouvez passer à côté d’une autre étoile filante (cela demande un peu d’entraînement).

Il existe des applications très utiles qui permettent de rendre rouge votre écran pour préserver votre vision nocturne

Combien de temps observer ?

Le plus longtemps possible !
Plus vous observerez, plus vous contribuerez à alimenter la base de données internationale d’observation et plus vous fournirez des données utiles aux chercheurs.

Si vous vous arrêtez , disons 20 minutes pour boire un thé, discuter ou aller aux toilettes, n’oubliez surtout pas de le noter (c’est très important).

Que faire le lendemain ?

Après une bonne nuit de sommeil, n’oubliez pas de remplir le formulaire en ligne de toutes vos observations de la nuit précédente. Vous le trouverez à l’adresse suivante :

http://www.imo.net/members/imo_observation/add_observation

Attention, pour pouvoir inscrire vos données, il faudra être enregistré sur le site de l’IMO (International Meteor Organization). Cet enregistrement est totalement gratuit.

Si vous éprouvez des difficultés pour remplir ce formulaire ou si vous souhaitez tout simplement nous contacter, n’hésitez pas à envoyer un mail à vigie-ciel@mnhn.fr.

Bonnes observations à toutes et à tous !